Dinner is a family business (Les Davis)

Dinner is a family business

Qui dit Dimanche, dit grasse matinée à farniente dans le lit à la recherche de la douceur des draps. Mais aussi repas dominical au restaurant de la famille Davis, comme un petit rituel pour s'assurer que toute la famille se tienne au jus de tous. Déambulant dans le quartier, Johanna remit ses lunettes de soleil sur son nez face aux petits rayons du soleil filtrant à travers les nuages tout en profitant de la quiétude du quartier alors que dix-neuf heures sonnaient. Le restaurant étant ouvert le dimanche midi, ils ne leurs restaient plus que la douceur du soir pour pouvoir se retrouver. Et encore, nombreux clients souhaitaient voir apparaître prochainement une ouverture en cet instant, aimant le repas traditionnel et l'impression de chez-soi qui dégageaient du restaurant. Elle finit par apercevoir l'enseigne au loin et bifurqua dans la petite ruelle lui permettant d'entrer par la porte de service.

« Salut, papa. Salut Ronnie. » lança-t-elle joyeusement en cuisine, s’approchant de son père pour lui coller rapidement une bise sur la joue sans vouloir le déranger. Les deux lui répondirent pratiquement en chœur, s’affairant toujours derrière les fourneaux tandis que Ronnie finissait de nettoyer les plans de travail. « Hola joli cœur, attend un peu. Goûte-moi cette sauce, je veux ton avis. » son père la stoppa dans son élan alors qu’elle passait déjà son nez par la porte de la cuisine menant à la grande salle, sa veste sur son bras. Johanna roula des yeux en soupirant. « Papa, tu sais très bien qu’elle est très bonne ta sauce aux câpres. » A chaque fois, son père lui faisait le coup, souhaitant son avis comme pour lui redonner le goût de la cuisine tout en l’influençant petit à petit. Ce n’était un secret pour aucun des enfants Davis que leurs parents souhaitaient prendre leur retraite et voulaient s’assurer avant qu’un de leurs quatre rejetons prendrait la relève. Ce qui n’était pas prêt d’arriver. « Oui mais je veux ton avis, Johanna. Tu es critique maintenant. » Elle s’exécuta en revenant sur ses pas mais néanmoins en le reprenant vivement « Je suis rédactrice. Ca n’a rien à voir, papa. » Trempant ses lèvres dans la sauce, elle sentit ses papilles se hérisser de plaisir par le goût divin de cette sauce : celle de son enfance. « Délicieux. Comme toujours. » Derrière elle, Ronnie rigola légèrement et elle en profita pour s’éclipser rapidement en direction de la salle où sa mère mettait en place -encore une fois- la salle afin de dresser une table pour l’ensemble de la famille. Les réunions dominicales prenaient souvent la même tournure. « Salut ‘mam. » « Oh tu tombes bien, aide-moi donc à mettre le couvert, veux-tu ? » Aussitôt dit, aussitôt fait, la blonde suspendit sa veste au porte-manteau et s’en alla prendre fourchette et couteau, comptant par paire. « Combien on sera ? Emma et James viennent aussi ? » Sa mère lui répondit qu’elle ne savait pas, n’ayant pas eu le temps de le contacter tout en commençant les comptes de sa caisse. « Je vais l’appeler pour voir. » Sortant le téléphone de sa poche arrière, elle composa le numéro de son frère qu’elle avait en mémoire et cala l’objet entre son épaule et son oreille afin de pouvoir continuer sa besogne.

claude gueuse

Invité

(davis family)

Je détestais appréhender des adolescents et les arracher à leur famille juste après le repas dominical. Mais le travail était le travail et je devais me plier aux règles. Accompagnée d'un agent, j'embarquais un adolescent suspecté de trafic de drogue pour l'emmener au commissariat le pus proche. Hasard ou pas, il s'agissait du poste situé à deux rues du restaurant familial. Je jetai un coup d'oeil à l'horloge du bureau et poussa un soupir comme pour me donner du courage. Il était 19 heures passés de cinq minutes et je savais que ma famille se réunissait tout près d'ici. Est-ce que je devais y aller ? Mon coeur me disait oui mais ma tête me disait de fuir. Fuir les regards pleins de reproches, les piques incessantes. Mais c'était ma famille, pour aller de l'avant, je devais aller à leur rencontre.

Je flânais tranquillement dans les rues que je connaissais si bien. Je me souviens avoir failli me faire renverser au détour de cette rue. Je voulais simplement suivre Miles qui partait rejoindre ses amis. Résultat : une belle frayeur et un grand frère au petit soin. Mais cette époque était révolue et j'étais désormais à la recherche de l'affection de ma famille. J'arrivais devant le restaurant et n'essayai même pas d'ouvrir la porte, je la savais verrouillée. Je fis le tour et entrai par la porte de service et repérai immédiatement maman qui comptait la caisse. J'entendais le cliquetis des couverts qu'on déposait sur la table, je sentais l'odeur des câpres. J'étais à la maison. « Abigail ? Mais... Qu'est ce que tu fais là ? » Je croisai le regard de maman qui était plus surprise que furieuse, c'était déjà ça. « Je me joins à vous si ça ne vous dérange pas. Nos repas me manquent.... » dis-je en détournant les yeux. Papa débarqua alors de la cuisine, pinçant les lèvres. Il ne dit rien et se contenta de hocher de la tête avant de repartir aux fourneaux. Il y avait mieux comme accueil mais ça aurait pu être pire. C'était le premier repas dominical auquel je me rendais depuis mon retour. Je n'avais jamais osé pointé le bout de mon nez, ayant peur de me faire rejeter. Mais j'étais encore là. Je sentis deux bras m'enlacer brièvement et un parfum familier me monter aux narines. Maman. « Jo' est en train de mettre la table, tu peux aller l'aider si tu veux. » Je hochai vivement de la tête et parti rejoindre ma soeur. Je la trouvais au téléphone, affairée à disposer les couverts, son téléphone coincée entre son épaule et son oreille. « Hey ! » fis-je à mi-voix pour la saluer et pour ne pas la déranger dans sa conversation téléphonique. Je me dirigeai alors vers le grand vaisselier qui trônait contre l'un des murs de la salle. Les serviettes de table étaient rangées au même endroit ce qui me fit sourire. J'allais me lancer dans le pliage de serviette, chose que j'adorais faire lorsque j'étais plus jeune. Mon préféré restait le cygne et on allait voir si je n'avais pas perdu la main.